| Editeur : Acclaim
Date de sortie : 1999
Genre : Action/ Action/aventure
Plateforme de test :
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Shadow Man
Tiré d’un comics américain, Shadowman
se décide à venir défendre le monde contre les hordes infernales sur
nos écrans. Préparez-vous, ce shoot vaudou « à la troisième personne »
va vous faire voyager aux confins de l’horreur…
Tout commence le 9 novembre 1888, dans une cave humide de Londres.
Après avoir tenté d’atteindre l’immortalité en assassinant ses proches,
Jack l’Eventreur se prépare à mettre fin à ses jours.
C’est alors qu’à la lueur vacillante des bougies, apparaît une
silhouette. Celle de Légion, Prince des Ténèbres,
Celui qui Est Plusieurs. Il propose un pacte à Jack : il lui offrira
l’immortalité dans l’autre monde, s’il utilise ses talents d’architecte
pour y construire l’Asylum, lieu de culte de la
douleur, matrice d’énergie pour les armées des morts au service de
Légion.
Jack accepte et se sacrifie sur place. Plus d’un
siècle plus tard, Légion est pratiquement parvenu à réunir les
conditions qui lui permettront d’envahir la Terre à la tête de hordes
de morts-vivants. Il s’est attribué le concours de cinq des plus
dangereux psychopathes en exercice, et ceux-ci, quasiment immortels,
sèment déjà la terreur au Texas, à New-York et à Londres. Mais une
prêtresse vaudou a senti le danger. Elle a vu en rêve les cinq hérauts
de l’Apocalypse déchaîner le chaos et la destruction, et demande au
Shadowman de les stopper le plus vite possible.
Mike, l’anti-héros
Le Shadowman, c’est Michael Leroi, porteur du Masque
des Ombres, le personnage que l’on incarne. Son pouvoir :
passer du monde des vivants à celui des morts grâce à un nounours nommé
Teddy, poupée vaudou mutilée le reliant psychiquement
à son frère mort. Ce Noir plutôt balaise se transforme dans le monde
des morts en ombre messagère de souffrance et de dévastation. Cette
souffrance, Mike la porte aussi en lui : privé de son frère et de ses
parents, et du même coup de ses illusions, il se sent chez lui dans «
le trou du cul de l’univers », comme il appelle lui-même le monde des
morts. Seul point d’ancrage : Nettie, la prêtresse
vaudou qui a fait de lui ce qu’il est.
On le voit, le monde de Shadowman, adapté sur PC et consoles
par Guy Miller et l’équipe d’Iguana,
est résolument adulte. L’humour y est heureusement présent en la «
personne » de Jaunty, serpent à tête de mort de son
état. Curieusement humain, il donnera quelques indices sur les actions
à effectuer dans le royaume des morts.
La beauté du diable
Visuellement, le jeu se présente en 3D polygonale,
avec vue du héros à la troisième personne. Dès le premier coup d’œil,
la réalisation d’ensemble séduit. La chemise de Mike flotte au vent, et
celui-ci est fidèlement représenté… à tel point que l’on distingue
difficilement les polygones ! Les animations sont criantes de vérité,
qu’il s’agisse de tirer, d’effectuer une roulade, de sauter,
s’accroupir ou de s’agripper à une corde. Que dire des bruitages ? Le
son des pas diffère selon que l’on se promène sur du bois, de la pierre
ou une surface métallique. Le moteur 3D, appelé Vista,
permet de placer la caméra de dos, de profil ou de face par rapport au
héros, avec trois niveaux de zoom. Il s’avère très fluide en 800
x 600. Seul point noir, la vue subjective. Elle ne permet pas
de se déplacer, ce qui est pour le moins gênant lors des combats. En
outre, le personnage ne se tourne pas en fonction de l’orientation de
la vue subjective : si vous vous placez d’un côté et repassez en vue
externe, Shadowman n’aura pas bougé ! Irritant.
Si les amateurs de Quake-like risquent de ne pas apprécier la visée
semi-automatique en vue externe, ils découvriront tout de même une
possibilité intéressante : celle d’affecter une arme à chaque bouton de
la souris, pour simuler la main gauche et la droite. Simple, mais il
suffisait d’y penser ! Ils retrouveront aussi la possibilité de se
déplacer latéralement, ce qui permet en pratique de tourner autour des
ennemis tout en les arrosant.
Voyage au cœur du Mal
Lors de la première plongée dans le monde des morts, on suffoque
presque au contact d’un univers particulièrement glauque, et pourtant
d’une beauté hideuse. On se promène dans des décors le plus souvent en
extérieur, grandioses et morbides. Neurasthéniques s’abstenir ! Des
cadavres se dressent devant nous, et cherchent à aspirer notre âme. Il
faudra les faire exploser dans un concert de cris d’agonie féminins,
pour à notre tour leur arracher leur âme, et nous en repaître. Nous
voilà prévenu : pour vaincre Légion, nous devrons nous montrer au moins
aussi sanglant et cruel que celui-ci. Mais seules les âmes sombres nous
donneront peu à peu la force de franchir les différentes portes du
monde des morts. Pour les recueillir toutes, on devra acquérir des pouvoirs
spéciaux, comme celui de marcher sur la lave.
Le système des niveaux, bien conçu, permet de se
téléporter à tout moment vers un endroit visité : on n’est jamais
bloqué, même si l’absence de carte peut gêner. Signalons que les
niveaux du monde des morts sont beaucoup plus nombreux que ceux du
monde des vivants (16 contre 4). Il en découle un éclairage le plus
souvent très sombre, mais ne nuisant jamais à la jouabilité - par
ailleurs satisfaisante.
Au total, Shadowman représente une véritable
réussite. Les quêtes à accomplir, toujours valorisantes, mélangent
subtilement passages de plates-formes, combats et énigmes (des
mécanismes à déclencher). La durée de vie est au rendez-vous : pour
récupérer les 120 âmes qui permettront de vaincre les cinq psychopathes
et Légion, il faudra compter une bonne trentaine d’heures de jeu
effectif.
Psychopathes, au
rapport !
Afin d’accentuer le réalisme, les scénaristes ont utilisé des fichiers
du F.B.I. pour en extraire les données sur chacun des tueurs fous que
l’on rencontre. On retrouve ces données dans un dossier confié par
Nettie dès le début du jeu. De quoi se mettre d’entrée dans l’ambiance…
Plus tard, on découvrira dans l’autre monde la Cathédrale des
Douleurs, lieu de culte gothique à chacun des lieutenants de
Légion. Chaque aile comporte des thèmes visuels et musicaux propres à
l’identité des meurtriers. « Plus le méchant est réussi, meilleur est
le film » : cet adage cinématographique se vérifie également dans
Shadowman.
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Les Pouvoirs du
Vaudou
A l’instar d’un personnage de jeu de rôle, Shadowman croît en force et
en puissance du début à la fin du jeu. Il ramasse des âmes sombres qui
lui permettent d’accumuler davantage de puissance spirituelle, ce qui
influe sur la portée et l’efficacité de tir. Les munitions des armes
spéciales telles que le Bâton (une lance crachant du feu) deviennent
aussi plus nombreuses. Il augmente sa jauge de vie en offrant des «
cadeaux » à la déesse Loa. Mieux : des épreuves initiatiques lui
permettent de récupérer de nouveaux pouvoirs. Il pourra ainsi toucher
des parois en feu sans se brûler, marcher sur de la lave ou même nager
dedans ! Enfin, certains artefacts (objets magiques) lui permettront
d’escalader des cascades de sang (la Poigne), de générer un bouclier
protecteur (l’Enseigne), ou d’utiliser ses pouvoirs occultes dans le
monde vivant (les trois éléments de l’Eclipse). Les effets de lumière
qui y sont associés sont très réussis, et exploitent à fond les cartes
3D de 1999.
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Les effets de lumière en tout genre
Le gain de pouvoirs du héros
La durée de vie du jeu, améliorée grâce aux secrets
La recherche scénaristique et l’ambiance
Les ennemis se regroupent pour combattre
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La jouabilité en vue subjective
La luminosité parfois insuffisante
L’I.A. trop faible de certains adversaires (s’obstinent à tirer à côté)
Pas assez de niveaux dans le monde des vivants
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Par Emmanuel Guillot