| Editeur : LucasArts
Date de sortie : 2000
Genre : Aventure
Plateforme de test :
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Escape from Monkey Island
Le plus grand
pirate ayant jamais écumé
les Caraïbes, Guybrush Threepwood, est de retour dans
l’Ile du Singe pour un quatrième
épisode. Son humour de potache sauvera-t-il le monde de
l’ultra libéralisme ? A vous d’en
décider…
Vers la fin des années 80, les programmeurs de LucasArts
ont su faire rire aux larmes les joueurs en leur faisant
découvrir les aventures d’un apprenti pirate,
anti-héros notoire nommé Guybrush
Threepwood. Première surprise en installant
les deux CD d’Escape from Monkey Island,
la taille du logiciel : 1,1 Go sur le disque dur ! On comprend mieux
pourquoi il prend autant d’espace lorsque l’on sait
que tous les dialogues sans exception sont sonorisés. A ce
sujet, la traduction française
s’est révélée de
qualité, de même que les voix
des différents acteurs. Il faut tendre l’oreille
pour remarquer que certains ont prêté leur organe
à différents personnages, ce petit
défaut n’est donc pas gênant. Quant aux musiques,
elles reprennent les thèmes coutumiers de la
série, en y apportant de subtiles variations. Enfin, les effets
sonores s'avèrent tout aussi satisfaisants,
le son des pas se modifiant suivant le revêtement au sol.
Un dessin animé en 3D
La transition entre la première scène
cinématique et la séquence jouable initiale est
tellement imperceptible que nous sommes restés plusieurs
secondes spectateur, croyant avoir affaire à la suite de
l’intro. Mais non, Guybrush devient bel et bien
contrôlable, bien que ses mouvements soient au
début fort limités… en effet le pirate
intrépide se trouve dûment saucissonné
à l’un des mâts de son navire, alors
qu’une bataille fait rage autour de lui. Aucun doute, pour la
première fois de la série, nous avons affaire
à de la 3D, d’assez belle facture qui plus est.
Les personnages ont été entièrement
modélisés, mais l'on se déplace
toujours d'écran en écran, dans de (superbes) décors
en 3D précalculés. Les graphistes
sont parvenus à restituer l’apparence de type BD
du troisième épisode, La Malédiction
de Monkey Island, en faisant toutefois revêtir un aspect un
peu moins aristocratique à Guybrush. Un bémol,
l'affichage en 640x480 laisse apercevoir
des effets d'escaliers sur les personnages. Dommage, tant
qu'à opérer une révolution sur la
forme, les développeurs auraient gagné
à mieux profiter de la puissance des PC d'aujourd'hui, et en
particulier des cartes 3D.
Interface moyennement intuitive
Autre grand changement, la disparition de la souris au
profit du clavier, du paddle ou au choix du joystick.
Une hérésie pour les intégristes du
jeu d'aventure, pourtant le titre leur est bel et bien
destiné. Les actions à accomplir se trouvent
suggérées de manière textuelle
à chaque fois que Guybrush pose les yeux sur un objet ou un
personnage "interactif". Ce système requiert d'apprendre par
cœur certains raccourcis clavier : l'action par
défaut consistant à regarder quelqu'un ou quelque
chose, il faut la plupart du temps taper sur "p" pour prendre ou sur
"u" pour utiliser ou parler.
Au final, le système s'avère un peu moins
convivial qu'un curseur changeant de forme, mais possède
l'avantage de ne pas guider le joueur, qui doit ainsi
procéder à ses propres investigations. En
revanche, les déplacements sur les terrains, en marchant ou
en courant, sont prédéterminés, et la
liberté de mouvement se révèle assez
vite limitée. Autre petit point noir,
même avec une installation complète, attendez-vous
à des temps de latence entre deux écrans de jeu.
Retour de lune de miel
Sa lune de miel - apparemment assez mouvementée, si l'on
s'en réfère à l'intro - avec la belle Elaine
terminée, Guybrush retourne sur l'île
de Mêlée. Là, il
découvre qu'un affairiste australien s'est mis en
tête de racheter toute l'île, qu'Elaine a
été déclarée morte, et que
son manoir est sur le point d'être détruit. Un
candidat au poste de gouverneur de l'île nommé Charles
Le Charles menace de prendre la succession de miss
Marley. Guybrush devra donc retrouver l'acte de
propriété du manoir pour en stopper la
démolition, et pour cela naviguer jusqu'à l'île
de Lucre. Mais tout serait trop simple - ou ennuyeux -
s'il ne s'agissait que de régler des démarches
administratives, et plusieurs rebondissements conduiront le joueur
à réviser ses plans.
Les premières missions sur l'île de
Mêlée ont été
conçues pour ne pas trop dérouter le novice,
aussi parviendra-t-on sans mal à interrompre la destruction
du manoir et à recruter un équipage. Cette
seconde partie constituera d'ailleurs l'occasion d'un duel de "bras
d'insulte" avec un dénommé Frometon,
votre futur navigateur. Même si, l'effet de surprise
étant passé depuis bien longtemps, les duels
d'insultes portent à sourire plutôt
qu'à rire, il faut reconnaître que l'humour est
présent à travers le jeu. On tombe ainsi sur des
réparties aussi croustillantes que "à l'insu de
son plein gré" ou "redistribution pro-active des richesses"
pour qualifier un vol à la tire…
Pour les spécialistes
Parfois, la loufoquerie fait partie intégrante des énigmes
: par exemple, on apprend que l'un des méchants s'est par le
passé fait manger le nez par un canard, il va donc falloir
s'emparer d'un de ces animaux pour l'utiliser contre lui. D'autre fois,
l'humour n'est présent que de manière totalement
gratuite. Ainsi, lorsque l'on parle à Frometon de sa
famille, ou que l'on interroge les trois avocats de l'île de
Lucre… Par ailleurs, si le graphisme peut au premier abord
évoquer un titre pour les plus jeunes, ne vous y trompez
pas, l'humour et la difficulté des énigmes (voir Triturez-vous
les méninges ci-dessous) le destinent
essentiellement à un public adulte ou
adolescent.
Pour être honnête, la magie qui opérait
avec les deux premiers épisodes semble, depuis le
troisième, peu à peu s'estomper. Certes, la
qualité des énigmes, ainsi que la
durée de vie - on parcourt l'île de
Mêlée à deux reprises, l'île
de Lucre, celle de Jambalaya et enfin celle du Singe - sont au
rendez-vous, et nous avons affaire à un produit de
qualité. Malgré tout, on sent que le
scénario tourne un peu en rond, et que le souffle
créatif des débuts fait défaut.
Triturez-vous les
méninges
L'un des aspects les plus déroutants du jeu provient de
l'absence d'objectifs précis. Il incombe au joueur, en
recueillant suffisamment d'indices, de déterminer
lui-même l'orientation de ses recherches. Vous recueillez sur
les lieux d'un vol un mouchoir censé appartenir au maraudeur
? Faites-le renifler à la personne du village
possédant l'odorat le plus sensible, et il vous fera
comprendre qu'il vous faut créer un parfum plus puissant. A
vous d'en retrouver les différents composants en faisant
humer le mouchoir à Guybrush et en vous fondant sur les
nombreux indices. Comme dans tous les jeux d'aventure, il ne faut rien
laisser au hasard, et tenir compte de toutes les données.
C'est pourquoi nous le recommandons avant tout aux férus du
genre.
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La
conception des énigmes
L'aspect dessin animé
La durée de vie |
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Pas
le plus loufoque
Requiert beaucoup d'obstination
Affichage 640 x 480 |
Par
Emmanuel Guillot
Merci au webmaster du site La Caverne de Guybrush
pour les images de ce test.