Diablo
II se fait attendre ?
Qu’à cela ne tienne,
Westwood nous a concocté un jeu
de rôle
passionnant en mode solo et très drôle
en multijoueurs. Magicien, druide ou guerrier, à vous
d’écrire votre propre
légende…
Le scénario du jeu est assez complexe. Sachez simplement
que
Jack Mower, un
jeune homme bien de notre époque, vient par un caprice du
destin d’être
téléporté dans le monde
appelé Nox. Tout cela, par la
faute d’une
nécromancienne nommée Hécuba :
au
moment où elle s’emparait par la magie du globe
des âmes de ses ancêtres, Jack s’est
retrouvé aspiré à son tour dans
l’espace-temps. Grâce au globe, Hécuba
est devenue plus puissante, et menace
d’envahir Nox à la tête d’une
légion de morts vivants. Jack – et donc, le
joueur – ne pourra la vaincre qu’en
récupérant les trois
éléments du Fauchard,
arme légendaire ayant permis la déconfiture de
l’ancienne caste des
Nécromanciens.
Avant même de commencer, on définit
l’accoutrement, la couleur de peau et la
pilosité du personnage. On peut en outre le renommer. Il
faut également choisir
sa profession : druide, guerrier ou magicien. Les
caractéristiques en force,
vitesse, vitalité et mana dépendront de ce choix,
et s’amélioreront avec le
gain en expérience et en niveau. Les compétences
se résument aux cinq pouvoirs
prédéterminés qu’acquiert le
guerrier au fur et à mesure de sa progression,
ainsi qu’aux sorts et invocations du mage et du druide. Tout
est donc
prédéfini, et la prise en main
s’avère quasi immédiate.
Action
et jeu de rôle
Nous voilà donc aux côtés de Jack,
projeté dans un monde inconnu en jean et
baskets. Selon la profession choisie, l’aventure ne
s’entame pas au même
endroit, et les quêtes diffèrent. En dirigeant le
héros, on s’aperçoit que Nox
se range définitivement dans la catégorie des
clones de Diablo :
le thème du
jeu de rôle se voit ici mêlé
à une bonne dose d’action. La vue
utilisée est
d’ailleurs la même, les personnages en 3D
évoluant dans des décors en 2D
isométrique. On se déplace en maintenant le
bouton droit de la souris enfoncé.
Selon que l’on dirige le curseur à
proximité ou à distance du héros,
celui-ci
marche ou court. Jack demeure en permanence au centre de
l’écran, ce dernier
scrollant au fur et à mesure de ses déplacements.
Dans la pratique, on
s’aperçoit que le scrolling
connaît
quelques ralentissements en fonction des
textures à l’écran, plus ou moins
détaillées. Faire permuter la
résolution – de
1024 x 768 à 640 x 480 au minimum – n’y
change pas grand chose. Rassurez-vous,
ce défaut ne nuit pas outre mesure à la
jouabilité générale.
Le moteur de jeu utilise un outil très gourmand en
ressources, la fonction
TrueSight : le brouillard de
guerre apparaît ou
disparaît en fonction de la
ligne de vue de Jack. Vous pourrez constater en jetant un coup
d’œil aux images
que les espaces cachés par des parois sont noirs. Cet
affichage à beau
déstabiliser au départ, on s’y habitue
rapidement. Il a le mérite de renforcer
le réalisme des phases d’exploration.
Des
pouvoirs étonnants
Capable de sauter au-dessus de rivières de lave, Jack se
révèle aussi un assez
bon sprinter. Les combats se déroulent uniquement en temps
réel, et tout
partisan de Baldur’s Gate que
l’on soit, il faut
avouer que cela les rend
particulièrement haletant. Ainsi, poursuivi par une horde
d’ogres déchaînés, il
nous est arrivé d’avoir à nous enfuir
en courant et en sautant par-dessus des
rochers, tout en essayant de trouver le coin le plus propice au combat
en un
contre un. L’IA des créatures se
révèle assez aboutie : les monstres ouvrent
des portes, s’enfuient, se regroupent, saisissent une pomme
et se mettent à la
croquer pour regagner de l’énergie. Lors de
certains combats, on bénéficiera
d’alliés.
Le druide devrait susciter l’engouement du plus grand nombre
de joueurs. La
possibilité de combattre à distance
grâce à un arc et des flèches
– meurtrières
– vient s’ajouter à
l’invocation ou l’envoûtement de
créatures. Attaqué par un
ours dans une caverne, on peut le charmer pour le mettre à
notre service.
C’était déjà possible dans
Baldur’s Gate, mais ici, on est en mesure de le
bannir, d’en faire notre escorte personnelle, ou
même de lui enjoindre de
s’aventurer à la recherche d’ennemis.
Dans ce dernier cas, il suffira de
cliquer sur la fonction “ observer ” pour suivre
ses évolutions ! Avantage
considérable, on pourra ainsi reconnaître le
terrain en toute impunité. Quelle
que soit la profession choisie, on utilisera des raccourcis clavier
– 5 au
maximum - pour se servir de ses capacités
spéciales ou sorts.
Un
haut degré d’interactivité
Graphiquement, l’univers de Nox fourmille de
détails. Dommage que la vue soit
si éloignée, cela gâche un peu le
plaisir. Les bruitages, nombreux et
évocateurs, emportent pour leur part
l’adhésion.
Les énigmes profitent du réalisme du moteur du
titre. On déclenche des
mécanismes à l’aide de leviers ou
d’interrupteurs, on faire rouler des rochers,
on détruit des murs révélant des
endroits secrets, ou encore on se sert de
tonneaux remplis d’eau pour éteindre des
incendies. On s’étonne sans cesse du
nombre d’objets à déplacer, et du
niveau général
d’interactivité.
Soyons franc, le titre de Westwood
ne représente pourtant
pas le jeu de rôle
ultime. Les quêtes se révèlent
très linéaires, on n’a pas la
possibilité de
revenir en arrière et la liberté du joueur est
bridée. Politiquement correct,
le jeu ne nous autorise pas à occire des villageois. Par
ailleurs, les voix
françaises sont parfois un peu niaises. Malgré
ces lacunes ou défauts, on joue
encore et toujours, des heures durant. Nox hypnotise, et vous
n’aurez de cesse
de le terminer, puis de le recommencer pour expérimenter
d’autres professions.
Quant au mode multijoueurs, il
s’agit d’un
véritable jeu dans le jeu. Pour toutes ces raisons, il serait dommage
de
passer à côté du titre
de Westwood…
Pièges,
chausse-trappes et autres traquenards
Le monde de Nox, au début accueillant,
révèle dès
l’épreuve du Donjon – si vous
choisissez la voie du guerrier – de nombreux
pièges. La majorité d’entre eux
sont immédiatement mortels, mais on peut parfois
s’en tirer avec de simples
blessures ou… de belles frayeurs. On peut ainsi tomber sans
crier gare dans un
trou, et se retrouver à l’étage
inférieur. Autre piège bénin
emprunté à Diablo,
les tonneaux explosifs vous enlèveront quelques points de
vie.
D’autres vous
demanderont une certaine logique et de la coordination pour
échapper à la mort
: par exemple, les flammes apparaissant sur plusieurs mètres
pour s’éteindre
progressivement puis se rallumer, et les blocs de pierre
hérissés de pointe
réalisant diverses figures
géométriques. Plus classiques, les murs
dissimulant
des flèches qui jaillissent à votre passage. La
possibilité de sauter offerte
par Nox se révèle alors très utile. De
quoi se prendre pour Indiana Jones…
Enfin, on remarque une réelle innovation : pour la
première fois, certains
monstres peuvent vous tirer dessus à l’abri
derrière des meurtrières.
Heureusement, vos alliés pourront agir de même.
Multijoueurs
: Quake dans un
jeu de rôle !
S’il est un domaine dans lequel Nox se démarque de Diablo,
c’est bien le mode
multijoueurs. En effet, inutile d’espérer pouvoir
participer à la guerre contre
Hécuba en coopérant au sein d’une
équipe d’aventuriers, cela n’est pas
prévu.
L’équipe de Westwood a
préféré miser sur ce qui a fait le
succès de Quake, en
donnant aux joueurs l’opportunité de disputer des
petites parties de 5 minutes
ou plus sur le Net ou en réseau local. De 2 à 32
participants s’étriperont
ainsi joyeusement lors de parties de matchs à mort, captures
de drapeau,
élimination, contrôle de la couronne, ou flagball.
Les règles des matches à mort et capture du
drapeau ne vous sont sans doute pas
inconnues. La formule élimination consiste quant
à elle à survivre jusqu’à
l’anéantissement de tous les adversaires. Le
contrôle de la couronne s’avère
tout aussi sanglant : vous ne pourrez marquer des points en assassinant
d’autres joueurs qu’à la condition
d’avoir trouvé le précieux
trophée. Tuer
sans porter la couronne sur le front ne rapporte donc rien. Enfin, le
flagball
s’avère le plus original de ces modes de jeu :
rien moins qu’une partie de
football, chaque joueur devant s’emparer d’une
boule magique et viser le
drapeau adverse situé dans une cage en bois.
A l’instar des meilleurs Quake-like, on définit le
nombre de frags maximum, ou
un temps limite. Le titre comporte pas moins de 22 arènes.
En cochant l’option
adéquate, chaque nouvelle partie débutera dans un
niveau différent. Le serveur
sera également à même
d’interdire certains sorts, armes ou armures.
Magie et
alliés
A l’usage, on s’aperçoit que les niveaux
de jeu sont souvent assez vastes,
comprenant parfois deux étages. Il importe donc de choisir
le terrain en
fonction du nombre de joueurs. Il ne faut pas oublier que certaines
arènes sont
prévues pour accueillir 32
participants, alors que
d’autres se destinent à un
groupe de 4 ou 5 joueurs. A deux, on passe beaucoup de temps
à se courir après
sans se rencontrer. Heureusement, si vous incarnez un druide, il vous
suffira
d’invoquer des créatures et de leur ordonner de
rechercher l’ennemi, puis de
les observer sans vous fatiguer. Quelle que soit la classe de
personnage
sélectionnée, notre avatar est dès le
début un surhomme de niveau 10. On a donc
accès à toutes les compétences et
sorts existants.
Voici un exemple des
possibilités offertes : avec un sorcier, on peut marquer une
salle remplie de
tonneaux de dynamites, y placer un piège magique, et
dès lors que l’on
rencontre un ennemi, le téléporter sur le
marqueur près du piège, où il sera
sûr d’exploser. Tout cela promet donc des parties
aussi tactiques
qu’endiablées. Terminons par
l’excellente initiative de Westwood, qui permet au
serveur de bannir un joueur. Son nom apparaît alors sur une
liste et il ne peut
plus revenir. Voilà les tricheurs prévenus.
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L'intrigue passionnante
Le mode multijoueurs
L'interactivité globale
Les musiques et bruitages
Le nombre de sorts et de créatures
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La fluidité insuffisante du scrolling
La vue trop éloignée
Un certain manque de liberté
|
Par Emmanuel
Guillot