Lors de sa sortie, Dark
Reign s’était fait voler la
vedette par Total Annihilation. Son successeur
saura-t-il faire mieux en
s’imposant face à la forte concurrence ? La
réponse dans ce test.
Tout semblait se dérouler au mieux pour le vaisseau de
l’Autorité de Détention
Jupitérienne (JDA). Celui-ci avait parfaitement
négocié son entrée dans
l’atmosphère hautement toxique environnant la
ville de Deyssa 13, et
s’approchait en douceur de la base JDA où il
devait déposer son commando. Quand
soudain, le ciel s’embrasa autour de lui. Les canons
anti-aériens des
Sprawlers, les habitants des bas-fonds,
s’étaient mis à faire feu, visant
l’intrus. Irrémédiablement
touché, celui-ci s’écrasa au sol.
Contre toute
attente, quelques survivants parvinrent à
s’extirper des restes du grand oiseau
métallique. Ils devaient maintenant traverser les lignes
ennemies pour
rejoindre leur quartier général…
Missions-miroirs
Voilà donc, brièvement
résumé, le début de partie lorsque
l’on choisit
d’incarner les membres du JDA. Ces derniers
représentent la classe dirigeante
dans Dark Reign 2, et vivent dans des villes
protégées des rayonnements
solaires nocifs et de l’atmosphère terrestre
toxique. Ils se trouvent opposés
aux Sprawlers, des marginaux opprimés, dont certains ont
muté pour avoir vécu à
l’extérieur des villes
protégées. Particularité
intéressante, l’utilisateur a
l’opportunité de sélectionner
dès le début la campagne des Sprawlers
plutôt que
celle du JDA. Il vivra ainsi des missions similaires mais aux objectifs
opposés.
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Ainsi, il lui faudra par exemple
récupérer un prêtre fait prisonnier
par le JDA, alors qu’en parvenant à la
même mission avec l’autorité
jupitérienne, il aurait dû laisser
s’échapper le prêtre pour le suivre et
ainsi
découvrir la base des Sprawlers. Pour peu que l’on
souhaite disputer une partie
rapide plutôt qu’une campagne, 28
missions multijoueurs nous attendent dans le
menu « action rapide ». Il
suffit d’appuyer sur un bouton « ajouter
IA » pour
s’entraîner sur ces cartes en solitaire. Utile pour
bien reconnaître les lieux
dans l’optique de futures parties à plusieurs
(jusqu’à huit joueurs)…
Moteur 3D frustrant
La première mission au cœur de la zone urbaine de
Deyssa 13 évoque Syndicate
Wars. En effet, l’angle de vue
axonométrique se trouve suffisamment rapproché
des unités pour que l’on ait
l’impression que chaque personnage est unique. Pourtant,
nous avons bien affaire à de la stratégie
temps réel, avec collecte de
ressources, création de bâtiments et production de
troupes-clones (en nombre
assez limité cependant). Si au début, le moteur
3D séduit par sa rapidité et sa
fluidité, ainsi que de par la gestion des reliefs, on se
retrouve très tôt
confronté à ses limites.
Ainsi, la caméra,
plutôt que d’effectuer une rotation
autour des unités comme dans Metal Conflict,
se fixe sur quatre angles de vues
prédéterminés. On aurait
préféré un plus grand
contrôle sur la visualisation.
D’autant qu’on ne peut modifier la hauteur de vue,
et qu’il faut maintenir une
touche enfoncée pour obtenir un zoom avant. Autant dire que
cette dernière
fonction s’avère purement accessoire,
puisqu’on ne peut contrôler ses unités
en
vue rapprochée. Bien que le titre demeure parfaitement
jouable, le moteur 3D de
Pandemic s’avère donc frustrant.
Des atouts non négligeables
S’il fallait établir un classement graphique des
titres de stratégie du moment, Dark Reign 2 obtiendrait la
deuxième place, non loin derrière Ground
Control. La qualité des textures, le
soin apporté à la représentation des
unités et des environnements, ainsi que la très
bonne gestion des effets de
lumière expliquent cette performance. Seul reproche dans ce
domaine : le
passage du jour à la nuit en pleine mission ne fait
qu’assombrir l’écran, sans
apporter de réel changement au gameplay.
En revanche, les orages, les
tempêtes
de neige et même parfois les tremblements de terre
contribuent grandement à l’ambiance
assez inquiétante qui prédomine. D’une
mission sur l’autre, le dépaysement est
donc souvent de mise, particulièrement lorsque
l’on passe d’un environnement de
type glaciaire à une jungle tropicale, ou que l’on
se retrouve au cœur d’un
temple oublié.
Quelques problèmes d’interface
et d’I.A.
Que l’on se range du côté du JDA ou des
Sprawlers, le design des unités s’avère
assez original. Rien d’aussi marquant que les Zergs
de Starcraft, mais
on
trouve parmi les Sprawlers des mutants aux feulements
inquiétants (Fiends),
ainsi que des cyborgs obèses (les Scavers,
des Harkonnens ?) capables de
réparer des machines. Du côté du JDA,
les Enforcers, des humanoïdes ayant le
don de se propulser dans l’air pour arroser
l’ennemi de boules de feu, se
révèlent très réjouissants
à diriger.
En dehors de cela, chaque armée possède
ses véhicules de combat, vaisseaux aériens et
maritimes. Les deux camps
semblent assez équilibrés, le JDA
s’appuyant en fin de partie sur les armes
lourdes – bombardement - alors que les Sprawlers utilisent
des armes
biologiques pour aveugler l’ennemi ou rendre plus efficaces
leurs troupes.
Malheureusement, on constate certains problèmes. Au niveau
de l’interface, il
s’avère impossible d’ajouter des
unités à une sélection, en appuyant
par exemple
sur shift.
Par ailleurs, le pathfinding
des troupes se révèle parfois crispant
: des embouteillages se créent au moment de moissonner les
ressources, et les
soldats ont parfois du mal à se positionner rapidement au
moment où vous donnez
un ordre. On perd ainsi un temps précieux avant
qu’ils ne fassent feu. Au
final, malgré l’incontestable attrait de son
graphisme, Dark Reign 2 voit donc
se répéter le scénario de son
prédécesseur, en ayant du mal à tirer
son épingle
du jeu face à la concurrence.
Un
scénario peu motivant
On parle beaucoup du rapprochement des jeux vidéo et des
films.
Cette tendance s’explique à la fois par les
techniques communes aux deux
genres, tels les effets spéciaux, mais aussi par
l’introduction de véritables
scénarios dans les jeux. Des titres comme Starcraft, FFVIII
ou Half-Life ont
démontré à quel point une
véritable histoire pouvait valoriser les actions du
joueur. A cet égard, Dark Reign 2
déçoit quelque peu : bien que les missions
se trouvent rythmées par de nombreuses scènes
cinématiques, on n’accroche guère
à l’univers des Sprawlers et du JDA.
Il manque
l’ingrédient de base qui aurait
permis à l’utilisateur une quelconque
identification, à savoir un ou des
personnages principaux. Par comparaison, Metal Conflict
et Ground
Control
possèdent tous deux leurs figures emblématiques.
Et ce ne sont pas les clins
d’œil de Dark Reign 2 à Command & Conquer
(JDA – GDI) et à Starcraft (voix
des unités) qui suffisent à racheter cette
carence.
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Fluidité de la 3D
Graphismes
Variété des unités et des
décors
Conditions climatiques
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Moteur 3D limité
Pathfinding perfectible
Seulement 20 missions (campagnes solo)
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Par Emmanuel
Guillot