Nous
l’avons
attendu longtemps, le voici enfin ! Pouvoir
planer sur un dragon et rôtir des monstres, quoi de plus
féerique et
jubilatoire ? Là où de nombreux jeux
vidéo nous enferment dans une réalité
sordide, celui-ci nous transporte au septième ciel.
Après des heures passées à jouer
à Drakan,
difficile de tempérer son
enthousiasme et d’éviter les superlatifs. Vous
n’attendrez donc pas la fin du
test pour savoir que nous le trouvons superbe, envoûtant,
grandiose, et pour
tout dire magique. Un véritable coup de cœur, mais
qui ne provient pas
forcément de la réalisation
technique, excellente
sinon révolutionnaire, ni
même du fait que le héros incarné soit
une charmante jeune femme aux yeux
verts. Non, l’attrait du jeu réside avant tout
dans une somme de détails
visuels, auditifs et scénaristiques qui finissent par nous
plonger de pied en
cap dans cet univers
médiéval fantastique.
Ainsi
la scène de présentation,
étonnamment détaillée et utilisant le
moteur 3D du
jeu, met en scène un raid de
Wartocks
(une variété d’Orc, ou homme
sanglier) sur le petit village de Rynn
–
c’est le nom de l’héroïne. Les
monstres kidnappent son jeune frère et la
laissent pour morte. Déjà, l’aspect des
habitations, le reflet des torches, la
lueur des deux lunes, les bruitages, la musique, les animations, les
attitudes
des villageois et des Wartocks projettent un sort. Il y a du Diablo
dans cette
ambiance, mais on évoque aussi des titres plus anciens tels
Shadow of the
Beast, sur Amiga.
Peut-être un hommage des
développeurs de Surreal
à Psygnosis,
leur éditeur…
Une
contrée poétique
Le plus marquant concerne l’apparence des serviteurs du mal :
leurs formes
organiques donnent d’emblée l’envie de
tailler dans le vif du sujet. De quoi se
défouler pour de bon, spécialement
après une journée énervante !
Cependant, ne
croyez pas avoir affaire à une “ simulation de
boucherie ” : en traversant les
contrées de Drakan (le titre du jeu est aussi le nom du
pays), on se laisse
gagner par la beauté des forêts, des montagnes
traversées par des torrents, des
volcans ou des îles tropicales surmontées de
forteresses de pierre.
D’autant
plus lorsque c’est à dos de dragon, et que
l’on slalome dans des canyons ! Une
carte permet non seulement de s’orienter, mais
également de visualiser les
objectifs à atteindre pour progresser.
La
toile se déchire
Dans Drakan, les lieux ont une histoire. En
pénétrant dans la tombe du guerrier
Heron, on
nous dévoile une grande partie de la toile de fond
de l’intrigue,
sous forme de dessins en
2D et d’une voix
off. La
caméra prend d’abord les
esquisses en gros plan, pour s’éloigner
progressivement et révéler
l’intégralité des
différentes scènes. La musique croît en
intensité dramatique
au fur et à mesure de l’écoulement du
récit. On écoute, subjugué par tant de
maîtrise
cinématographique.
On se rend alors
compte que l’intrigue du jeu est
bien plus complexe qu’une simple histoire de jeune fille
à la recherche de son
petit frère. On assiste à l’ascension,
puis à la chute de l’ordre des
Chevaliers du Feu.
La suite de l’aventure nous amènera à
nous emparer du cristal d’Heron, puis à
nous en servir pour réveiller le dragon Arokh, qui se met
à notre service. On
se rend ainsi compte que passé et présent se
rejoignent, et que
progressivement, Rynn entre dans sa propre légende.
Techniques
de pointe
La prise en main s’effectue de manière
très agréable. A l’instar
d’Heretic II,
le jeu se contrôle à la souris et avec les
touches. Le moteur 3D brille par sa
souplesse, la caméra suit parfaitement les actions de Rynn
(vue à la troisième
personne). Le bouton droit de la souris permet d’orienter
l’angle de vue afin
de mieux distinguer l’environnement... ou Rynn
elle-même, ce que l’on ne se
lasse pas de faire, tant ses courbes sont onduleuses et son visage
expressif.
On regrette toutefois l’absence de mouvement des
lèvres lors de dialogues.
Les
techniques d’animation du squelette rendent chacun des
mouvements fluides et
réalistes. Roulades, sauts, posture accroupie, approche
furtive pour surprendre
l’ennemi, parade ou attaques à
l’épée, les possibilités
sont nombreuses. Pour
représenter le décor, des techniques de pointe
comme le multi texturing
en une
passe et le bump mapping
ont été
utilisées. Vous en profiterez à condition de
posséder la carte 3D adéquate. Le niveau de
détail des textures s’en trouve
grandement accru, et l’immersion se fait plus
complète – le jeu reconnaît
même
les lunettes 3D.
Sabre
au clair, moussaillon !
Les combats sont quant à eux un véritable morceau
d’anthologie. Le bruitage de
la lame change selon qu’elle touche un corps ou un bouclier.
On peut sectionner
un bras ou le chef d’un monstre. Dans le premier cas, il
continuera à nous
courir après avant de s’écrouler,
victime de l’hémorragie. Dans
l’intervalle,
il aura répandu son sang un peu partout… Si
l’on tire des flèches sur un
bouclier, celles-ci restent plantées. A dos de dragon, les
sensations ravissent tout autant. Le moteur 3D
demeure
d’une fluidité
à toute
épreuve, et seul le clipping
du décor
empêche de crier
au génie.
Les créatures
s’enfuient sous
nos ailes, mais rien n’y fait : elles
subiront le projectile de feu d’Arokh ou son souffle, selon
notre choix. En
réussissant certaines quêtes, Arokh
s’appropriera en plus le pouvoir de cracher
du gaz toxique, de la lave, de la glace, et des éclairs. Les
quatorze niveaux
du jeu, à accomplir de
manière linéaire, alternent
intérieurs et extérieurs, et sont suffisamment
vastes pour garantir une solide
durée de vie – les combats ne sont pas
aisés. Si vous aimez les belles histoires
pimentées d’une
bonne dose d’action, vous ne
devez pas passer à côté de Drakan.
Fendez-vous le
crâne à plusieurs
Le mode deathmatch
de Drakan permet à 8
joueurs au maximum
de s’affronter au
sol ou dans les airs, et se révèle tout
à fait jouable et distrayant. Pour
renouveler les plaisirs, le créateur de la partie peut
décider du chargement
automatique d’un nouveau niveau à partir
d’un certain nombre de frags (ou
décès). Les arènes au sol sont de
taille assez réduite, mais cela convient, car
il importe avant tout de se rapprocher de l’adversaire pour
le tailler en
pièce.
Bien sûr, il faudra
rechercher les anneaux
d’invisibilité, potions de
vitesse, armes et armures qui apparaissent de manière
aléatoire. Sauts,
roulades et coups d’épée
s’enchaînent à toute vitesse –
le lag est
peu présent.
Un mode spécial, le “ Master of Dragon
”, requiert de récupérer le cristal
d’un
dragon caché dans le niveau, afin de s’approprier
la créature. On bénéficie
ainsi d’un avantage certain sur les autres joueurs ! Mieux
vaut opter pour ce
mode en réseau local plutôt que sur le Net, car il
est plus exigeant
graphiquement.
|
L'I.A. simule aussi bien l'intelligence que la
stupidité
Les multiples sous-quêtes
Le vol à dos de dragon, les combats...
|
|
Il fait parfois trop sombre
Le clipping, l'incrustation des armes dans le décor
Le peu de variété des monstres
|
Par Emmanuel
Guillot
Merci à
pour
les captures d'origine